Bassin d’arcachon, lagon atlantique entre nature préservée et passions partagées

par | Juin 29, 2025 | Arcachon

Bassin d’Arcachon : l’appel du large qui séduit plus de 4,3 millions de visiteurs

En 2023, le Bassin d’Arcachon a enregistré 4,3 millions de nuitées selon l’Observatoire Nouvelle-Aquitaine, soit +7 % par rapport à 2022. À raison : 150 km² d’eaux intérieures, 76 km de rivage, et un patrimoine naturel classé depuis 2014 au Parc naturel marin. Dès l’aube, la lumière mordorée glisse sur la Dune du Pilat, plus haute dune d’Europe (110,8 m mesurés en mai 2024), rappelant que ce coin de côte landaise n’est ni tout à fait océan, ni vraiment lagune : c’est un monde à part, vibrant et fragile.

Petite brise salée, esprit grand ouvert. Partons découvrir pourquoi ce lagon atlantique fascine toujours autant.


Voyage à travers les paysages contrastés

En moins de 30 minutes, on passe des forêts de pins maritimes aux prés salés, puis aux villages ostréicoles coiffés de tuiles romanes. Cette mosaïque s’est façonnée depuis le XIᵉ siècle, lorsque les moines de l’abbaye bénédictine de La Teste-de-Buch drainaient déjà les marais pour y faire sécher le sel.

  • Dune du Pilat : 2 millions de visiteurs annuels, avec un flux désormais régulé par des quotas horaires instaurés en 2024.
  • Île aux Oiseaux : 220 hectares de réserve ornithologique, plus de 150 espèces recensées par la LPO.
  • Delta de la Leyre : 300 km de canaux forestiers, paradis des kayakistes, classé zone Natura 2000.

D’un côté, la houle océanique sculpte la côte sauvage du Grand Crohot ; de l’autre, le Bassin se ferme comme un coquillage, offrant des eaux calmes où les marins-pêcheurs pratiquent la “pinasse” depuis 1883, date de la première régate officielle d’Arcachon.

Mon souvenir préféré reste ce lever de soleil d’octobre 2023 : un ciel rose poudré, les Cabanes tchanquées se découpant telles des origamis sombres, et les cloches de l’église Saint-Ferdinand résonnant au loin. Instant figé, presque irréel.


Pourquoi le Bassin d’Arcachon est-il devenu un paradis écoresponsable ?

La question brûle les lèvres des citadins en quête d’oasis durable.

Un modèle de gouvernance innovant

Depuis la signature du Schéma d’Aménagement Durable (SAD) en février 2022, l’ensemble des huit communes littorales s’est engagé à :

  1. Limiter l’artificialisation des sols à 0,8 % par an.
  2. Réduire de 20 % la consommation d’eau potable d’ici 2030 (objectif déjà atteint à 6 % en 2024).
  3. Atteindre 100 % d’énergies renouvelables pour l’éclairage public en 2026.

Des actions concrètes de préservation

  • Les ostréiculteurs de Gujan-Mestras testent depuis 2021 des poches biodégradables à base d’alginate pour remplacer le plastique.
  • Le SMBBA (Syndicat Mixte du Bassin d’Arcachon) a restauré 18 hectares de prés salés en trois ans, renforçant la lutte contre l’érosion.
  • La navette électrique “E-ho”, lancée par la Ville d’Arcachon en 2023, a transporté 96 000 passagers sans émission directe de CO₂.

D’un côté, les touristes réclament toujours plus de confort ; de l’autre, la nature impose ses limites. Cette tension a mené à la solution de quotas estivaux sur la Dune et à la création de sentiers sur pilotis à Arès pour protéger les vasières. Un compromis salué par France Nature Environnement.


Rencontres avec ceux qui font battre le cœur du Bassin

Sous les tuiles des cabanes, les histoires bruissent comme les huîtres qui claquent.

Portraits croqués au fil de l’eau

  • Claire Laroque, 34 ans, cheffe engagée à La Teste. Elle sublime le “maigre” local en ceviche citron-curry, revendiquant “zéro gaspillage”.
  • Jean-Paul Duboscq, doyen des bateliers, guide depuis 1975 les visiteurs vers l’Île aux Oiseaux. Ses jumelles datent de 1968 ; il ne jure que par elles !
  • Atelier Barthélemy, souffleurs de verre, a transformé d’anciennes bouées lumineuses en lampes design, exposées à la Maison de l’Huître depuis juin 2024.

Chaque rencontre rappelle une évidence : ici, l’économie s’ancre dans la mer. La conchyliculture pèse 10 000 tonnes d’huîtres par an (chiffre 2023), soit 8 % de la production française, quand la pêche côtière emploie encore 270 marins.

« Le Bassin, c’est notre bureau ouvert sur l’infini », sourit Marie, pêcheuse de bars à Lanton. Une phrase qui résonne longtemps après la traversée.


Goûter l’art de vivre arcachonnais, entre gourmandise et pastel océan

La gastronomie ici n’est pas simple affaire de table ; c’est un rituel. À midi, le marché d’Arcachon (halle Baltard de 1907) clignote de couleurs : piments d’Espelette, asperges des sables, et bien sûr huîtres creuses du Banc d’Arguin. Selon l’Ifremer, leur teneur moyenne en oméga-3 a progressé de 12 % entre 2019 et 2023, preuve qu’un environnement sain nourrit mieux.

Quelques incontournables pour un séjour mémorable :

  • Déguster une dégustation ostréicole au coucher du soleil à Canon.
  • S’offrir un tour en vélo sur la Vélodyssée, tronçon Arcachon-Biganos (24 km de plat, 95 % ombragé).
  • Visiter la Ville d’Hiver, quartier classé, où Gambetta prenait les eaux en 1879.

Et puis il y a ces petits plaisirs, plus intimes : sentir la résine chaude sur le sentier du Courbey à Claouey, écouter la Marée des Chansons à l’Estivale de la Teste (festival lancé en 2022), ou s’offrir un canelé encore tiède, recette revue au miel de bruyère.


Quelques lignes encore. Si le tintement des gréements et l’odeur d’iode vous chatouillent déjà, laissez-vous surprendre : la prochaine marée haute est dans six heures, juste le temps de préparer un sac, d’enfourcher un vélo et de rejoindre ce Bassin où chaque vague raconte une histoire. Je vous y attends, carnet de notes dans la poche et cœur grand ouvert.