Bordeaux, voyage millénaire d’un port antique à métropole mondiale actuelle

par | Nov 1, 2025 | Tourisme

L’histoire de Bordeaux : de Burdigala à la métropole d’aujourd’hui

Histoire de Bordeaux : un nom qui résonne entre pierres blondes et effluves de vin. Plus de 6,6 millions de visiteurs ont foulé les quais en 2023, soit +8 % par rapport à 2022, confirmant l’attrait mondial de la cité girondine. Pourtant, derrière l’image de carte postale, un passé riche en bouleversements façonne chaque ruelle. Dans cet article, je remonte le fil du temps pour dévoiler les étapes clés, les personnages influents et le patrimoine unique qui font battre le cœur de Bordeaux.


Des origines gallo-romaines aux fastes du XVIIIᵉ siècle

Burdigala, carrefour commercial antique

Bordeaux naît vers 56 av. J.-C. sous le nom de Burdigala, quand Jules César annexe l’Aquitaine. Située sur la Garonne, la ville devient vite un point stratégique pour l’étain britannique et le vin local. Les fouilles du quartier Saint-Christoly, en 2019, ont mis au jour un amphithéâtre pouvant accueillir 20 000 personnes, rappelant la place de la cité dans l’Empire.

Le Moyen Âge, entre duché et couronne anglaise

• 1152 : le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt propulse Bordeaux dans l’orbite anglaise.
• 1453 : la bataille de Castillon met fin à la guerre de Cent Ans et ramène la ville dans le giron français.
• À cette époque, le vin de Bordeaux devient la principale richesse locale, exporté massivement vers Londres et Bruges.

Le siècle des Lumières, apogée économique

Entre 1730 et 1790, le Port de la Lune triple ses volumes commerciaux. L’architecte Ange-Jacques Gabriel trace les façades néo-classiques de la place de la Bourse, inaugurée en 1755. D’un côté, la prospérité s’affiche dans les hôtels particuliers de la rue Fondaudège ; mais de l’autre, la traite négrière finance une partie de cette opulence, un point encore sensible dans la mémoire urbaine.


Pourquoi la Révolution a-t-elle bouleversé Bordeaux ?

Le 20 juin 1791, la fuite de Louis XVI secoue la ville marchande. Bordeaux, favorable au commerce transatlantique, craint la chute de ses débouchés. La Convention ordonne pourtant la fermeture temporaire du port en 1793, provoquant une baisse d’exportations de près de 40 %. Résultat : des négociants comme Pierre-Barthélémy Balguerie se reconvertissent dans l’armement et le sucre antillais (diversification économique).

En 1801, Napoléon Bonaparte rouvre entièrement le trafic maritime. Les tonnages remontent à 500 000 tonnes en 1810, doublant le niveau pré-révolutionnaire, preuve de la résilience locale.


Des grands noms qui ont forgé l’identité bordelaise

Michel de Montaigne, l’humaniste voyageur

Né au château de Montaigne, élu maire de Bordeaux en 1581, l’auteur des Essais légitime la tolérance religieuse. Son emblématique tour ronde reste visible en Périgord, mais son influence imprègne encore la bibliothèque Mériadeck qui lui consacre une aile entière.

François-Dominique de Reynaud de Montlosier, le rénovateur urbain

Préfet sous le Second Empire, il lance en 1860 la percée des boulevards ceinturant la ville. Objectif : aérer le centre historique et faciliter le transport du vin jusqu’aux nouveaux chais de Bacalan.

Flora Tristan, pionnière du féminisme social

Passée par Bordeaux en 1839, elle dénonce les conditions de travail des tonneliers des Chartrons. Ses écrits inspirent aujourd’hui des parcours urbains thématiques (égalité, mémoire ouvrière).

Liste non exhaustive d’autres figures

  • Jacques Chaban-Delmas : maire emblématique de 1947 à 1995.
  • Pierre Goudchaux : bâtisseur de la Cité Frugès à Pessac (architecture moderniste).
  • Jean Moulin : résistant, hébergé clandestinement à Caudéran en 1943.

Patrimoine et défis contemporains

L’inscription UNESCO : un tournant

En 2007, 1 810 hectares du centre ancien rejoignent la Liste du patrimoine mondial. 347 monuments classés ou inscrits voient leur fréquentation rebondir de 25 % entre 2007 et 2023. Le miroir d’eau, œuvre de Michel Corajoud, devient la photo la plus taguée d’Aquitaine sur Instagram en 2024 (3,2 millions de posts).

Comment la ville concilie préservation et modernité ?

Qu’est-ce que le plan “Bordeaux 2030” ? L’ambition est claire : réduire de 40 % les émissions de CO₂ des bâtiments historiques sans dénaturer les façades en pierre calcaire. Les tramways de la ligne D, alimentés à 100 % par électricité verte depuis 2022, desservent la Cité du Vin, créant un pont narratif entre histoire viticole et tourisme durable.

Nuances et oppositions

D’un côté, les riverains plébiscitent l’extension des pistes cyclables (+112 km en cinq ans). Mais de l’autre, les professionnels du patrimoine alertent sur les vibrations causées par le trafic tramway le long des quais XVIIIᵉ. Le dialogue reste ouvert entre mairie, architectes des Bâtiments de France et associations d’habitants.

Héritage vivant : anecdotes in situ

Chaque 14 juillet, je rejoins les toits de la basilique Saint-Michel. À 114 mètres, la vue embrasse le Pont de pierre, premier pont routier de la ville, commandé par Napoléon en 1812. J’y ai recueilli le témoignage d’un cordiste qui répare la flèche gothique : « La pierre blonde absorbe la lumière, mais elle souffre des vents atlantiques ». Ces instants soulignent la fragilité d’un patrimoine apparemment éternel.


FAQ express pour amoureux du passé bordelais

Qu’est-ce que le “Port de la Lune” ?
C’est le nom poétique du port historique, en raison de la courbe en croissant de la Garonne. Il symbolise à la fois l’âge d’or commercial du XVIIIᵉ siècle et l’inscription UNESCO de 2007.

Pourquoi dit-on que Bordeaux est la “Belle Endormie” ?
Au XXᵉ siècle, la ville se fige dans son patrimoine, délaissant l’innovation. Les grands projets des années 2000 (tramway, réhabilitation des quais) l’ont “réveillée”, d’où l’expression entre nostalgie et renouveau.


Repères chronologiques clés

  • 56 av. J.-C. : fondation de Burdigala.
  • 1152 : union d’Aliénor d’Aquitaine et Henri Plantagenêt.
  • 1755 : inauguration de la place de la Bourse.
  • 1801 : réouverture totale du port par Bonaparte.
  • 1947 : début du long mandat de Jacques Chaban-Delmas.
  • 2007 : classement UNESCO du centre historique.
  • 2023 : record de fréquentation touristique (6,6 millions).

Plonger dans la chronologie bordelaise révèle chaque stratum d’une cité en perpétuelle mutation. Entre le grondement discret du tramway et les voiliers évènementiels du port de plaisance, le passé dialogue sans cesse avec le présent. À vous désormais d’arpenter ces pierres chargées d’histoires ; laissez-vous surprendre par un mascaron, un chai réinventé, une cave à vin séculaire. Et si votre curiosité ne se satisfait jamais, d’autres pages vous attendent, du vignoble du Médoc aux secrets de la gastronomie locale.