Bordeaux voyage vibrant entre siècles, vins et monuments classés mondialement

par | Oct 22, 2025 | Tourisme

Histoire de Bordeaux : en 2023, plus de 6,2 millions de visiteurs ont parcouru ses rues classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, un record selon l’Insee. Ce chiffre vertigineux illustre la fascination toujours croissante pour la capitale girondine, autrefois appelée Burdigala. Entre racines romaines, héritage médiéval et révolution urbaine, la ville dévoile un récit pluriel. Plongeons dans ce passé foisonnant pour comprendre comment Bordeaux a forgé son identité actuelle, culturelle et économique.

Des origines romaines à l’essor du port de la Lune

Fondée au Ier siècle avant notre ère, Burdigala devient rapidement un carrefour commercial grâce à la Garonne. Dès 56 ap. J.-C., les Romains y érigent un amphithéâtre de 22 000 places, l’un des plus grands de Gaule (aujourd’hui ruines du Palais Gallien). Au IVᵉ siècle, l’évêque Delphin installe un premier complexe chrétien, marquant la transition religieuse de la cité.

La prospérité atteint son apogée au XVIIIᵉ siècle. Le Port de la Lune traite alors près de 500 navires par an, alimentant l’économie sucrière et le commerce du vin. En 1753, l’ingénieur Ange-Jacques Gabriel dessine la majestueuse place de la Bourse, symbole d’un urbanisme à la fois classique et visionnaire. D’un côté, la richesse engendre une élite marchande éclairée ; de l’autre, elle dépend d’activités coloniales controversées, rappelant une part sombre que la ville documente aujourd’hui au Musée d’Aquitaine.

Aliénor d’Aquitaine et l’influence anglaise : comment Bordeaux est-elle devenue la capitale du vin ?

Lorsque la duchesse Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt en 1152, la région passe sous domination anglaise pour trois siècles. Les privilèges douaniers accordés aux marchands gascons (charte de 1199) facilitent l’export massif de « claret », un vin rouge léger très apprécié outre-Manche. Entre 1300 et 1450, les volumes expédiés vers Londres quadruplent, atteignant 100 000 tonneaux annuels.

Naissance d’une identité viticole

  • 1337 : début de la guerre de Cent Ans, le vin devient enjeu diplomatique.
  • 1453 : bataille de Castillon, retour à la couronne de France.
  • 1725 : classement officieux des premiers crus du Médoc, ancêtre du célèbre classement de 1855.

Aujourd’hui encore, 85 % des exportations viticoles bordelaises partent via le port de Bassens (chiffre 2024 de Bordeaux Métropole). Ce lien historique explique la notoriété mondiale de la Cité du Vin, inaugurée en 2016, qui a accueilli 450 000 visiteurs en 2023.

Qu’est-ce que la Fronde bordelaise ? (Réponse directe)

La Fronde bordelaise désigne les soulèvements de 1648 à 1653 contre la monarchie de Louis XIV, menés par le parlement de Bordeaux. Les causes majeures : fiscalité jugée excessive, méfiance envers le cardinal Mazarin et défense des privilèges locaux. Les émeutes culminent avec la prise du fort du Hâ (août 1650) et l’alliance éphémère avec le prince de Condé. En 1653, la répression royale s’achève par la démolition des remparts médiévaux, ouvrant la voie à l’expansion urbaine. Cette période charnière explique la disparition de nombreuses enceintes, remplacées plus tard par les boulevards actuels.

Héritage contemporain : entre préservation et renouveau urbain

Depuis l’inscription du centre historique à l’UNESCO en 2007, 150 façades XVIIIᵉ ont été restaurées. J’observe chaque année de nouveaux chantiers rue Sainte-Catherine, artère piétonne la plus longue d’Europe (1,2 km). Pourtant, la modernisation ne fait pas l’unanimité.

D’un côté, le tramway mis en service en 2003 a réduit de 30 % les émissions de CO₂ intra-muros (donnée ADEME 2023). Mais de l’autre, certains riverains regrettent la gentrification des quartiers historiques comme les Capucins.

Monuments incontournables

  • Tour Pey-Berland : beffroi gothique séparé de la cathédrale Saint-André pour des raisons de stabilité (1440-1500).
  • Grand Théâtre : chef-d’œuvre néoclassique de Victor Louis (1780), 12 colonnes corinthiennes.
  • Pont de pierre : 17 arches alignées, commanditées par Napoléon Ier (1822), récemment réhabilité pour la mobilité douce.
  • Miroir d’eau (2006) : installation de 3 450 m², la plus vaste du genre au monde.

Patrimoine immatériel et culture vivante

Le festival Bordeaux Fête le Vin a accueilli 650 000 personnes en juin 2022, preuve de l’attractivité œnologique. À côté, les Halles de Bacalan réinventent le marché alimentaire traditionnel, tandis que la scène street-art des bassins à flot dialogue avec l’architecture industrielle.

Pourquoi Bordeaux fascine-t-elle encore les historiens ?

La réponse tient à une combinaison unique : stratification temporelle, diversité sociale et résilience économique. Chaque période laisse une trace visible, des ruines romaines à la skyline esquissée par la MECA (Maison de l’Économie Créative et de la Culture en Nouvelle-Aquitaine). Cette superposition sert de laboratoire aux chercheurs qui croisent archéologie, urbanisme et sociologie.


Je parcours ces rues depuis quinze ans et découvre toujours un détail gravé dans la pierre blonde ou une cave médiévale cachée sous un bar contemporain. Si ces lignes ont éveillé votre curiosité, n’hésitez pas à poursuivre l’exploration : l’histoire de Bordeaux se lit mieux encore sur ses pavés, à l’ombre des platanes du quai des Chartrons.