Quartiers de bordeaux entre histoire, renaissance verte et effervescence culturelle

par | Juil 1, 2025 | Tourisme

Quartiers de Bordeaux : la ville-monde condensée en 15 km². Selon l’Insee, la métropole attire près de 10 000 nouveaux habitants par an, et 67 % d’entre eux déclarent avoir choisi leur logement d’abord pour le charme d’un quartier précis (enquête 2023). Dans le centre historique inscrit à l’Unesco depuis 2007, plus de 5 000 façades classées dialoguent avec des éco-quartiers flambant neufs. Chiffres à l’appui, récit d’une mosaïque urbaine en perpétuel mouvement.


Panorama express des quartiers de Bordeaux

Bordeaux compte officiellement 8 grands quartiers administratifs répartis sur 49 km², mais la conversation locale évoque plutôt une dizaine d’identités fortes : Saint-Pierre, Chartrons, Bastide, Bordeaux-Sud, Nansouty, Caudéran, Saint-Michel, Mériadeck, La Victoire et Grand Parc.

Repères chiffrés (2024)

  • 261 000 habitants intra-muros, 810 000 dans la métropole.
  • 40 % des logements construits avant 1949, 15 % après 2010.
  • 37 hectares de parcs publics supplémentaires ouverts depuis 2018, dont le parc des Berges de Garonne.
  • Loyer moyen mensuel : 15,2 €/m², mais 11 €/m² rive droite (Observatoire Habitat 2024).

La ville a longtemps préféré s’étendre vers l’ouest (Caudéran, surnommé le « Neuilly bordelais ») avant de réinvestir les friches industrielles des rives de Garonne. Ce recentrage a accéléré depuis l’arrivée de la LGV en 2017, qui place Paris à deux heures et dope l’attractivité résidentielle.


Pourquoi les Chartrons fascinent-ils encore ?

Impossible de parler des quartiers de Bordeaux sans évoquer les Chartrons, berceau du négoce des grands crus.

Héritage viticole et art de vivre

Créé au XVIIᵉ siècle par les marchands irlandais et hanséatiques, le quartier aligne encore les anciens chais de pierres blondes. Rue Notre-Dame, l’école du vin côtoie des galeries d’art contemporain. D’un côté, le passé viticole ; de l’autre, le design et les cafés-concept.

Chaque troisième dimanche d’octobre, la Brocante des Quinconces attire 250 000 chineurs. Le mélange résume l’esprit Chartrons : chic sans ostentation, patrimonial mais curieux. En 2023, la mairie y a comptabilisé 40 % de commerces indépendants, un record intra-rocade.

Tensions immobilières

D’un côté, la pierre rénovée approche les 8 000 €/m² quai des Chartrons. Mais de l’autre, 13 % des logements restent vacants, faute de budgets pour réhabiliter les étages. La cohabitation étudiants-cadres sup reste fragile, et les associations comme Bordeaux Résidentielle alertent sur une possible « muséification » du secteur.


Entre patrimoine et modernité : la mutation de Bordeaux-Sud

Le secteur Bordeaux-Sud a longtemps vécu à l’ombre des silos à sucre de la rue Carle-Vernet. Aujourd’hui, il incarne la reconquête urbaine.

Qu’est-ce que l’opération Euratlantique ?

Euratlantique est une opération d’intérêt national (OIN) lancée en 2010, couvrant 738 ha entre Bordeaux, Bègles et Floirac. Objectif : créer 30 000 emplois et 50 000 habitants supplémentaires d’ici 2030 autour de la gare Saint-Jean.

2024 marque un tournant :

  • Inauguration de la MECA (Maison de l’Économie Créative, œuvre de BIG, agence Bjarke Ingels).
  • Livraison de 550 logements dans l’îlot Amédée Saint-Germain, dont 35 % sociaux.
  • Ouverture du pont Simone-Veil, sixième franchissement de la Garonne, fluidifiant l’accès à la rive droite.

Patrimoine ferroviaire réinventé

Ici, les halles Atlantech s’ouvrent aux start-ups greentech, tandis que l’ancienne halle Boca rassemble food-court et cinémas. Je me souviens d’une visite guidée sous un crachin de janvier : le guide rappelait que l’entrepôt douanier, tagué dans les années 1990, stockait jusqu’à 2 000 tonnes de café vert. Aujourd’hui, des bureaux vitrés remplacent les sacs de jute. Le contraste frappe autant les riverains que les promeneurs du dimanche.


Rive droite, le laboratoire urbain

Bastide : d’un site industriel à un éco-quartier

À l’est du pont de Pierre, La Bastide s’est métamorphosée. Les serres de l’ancien jardin botanique (2003) ont préparé le terrain. Puis la caserne Niel, quasi-abandonnée, a vu naître le Darwin Écosystème en 2012, tiers-lieu devenu emblème de l’économie circulaire.

Selon la mairie, 950 000 passages ont été comptabilisés dans l’année 2023, un chiffre record lié au tourisme post-Covid. La dynamique attire familles et télétravailleurs : prix moyen 4 500 €/m², encore raisonnable à l’échelle bordelaise.

Que propose le projet « Bastide Niel » ?

Dessiné par l’architecte Jean Nouvel, Bastide Niel prévoit 3 400 logements, 40 % de logements intermédiaires, et 50 000 m² d’espaces verts continus. Les premiers immeubles « énergie positive » s’élèveront en 2025. Les opposants redoutent une densification excessive ; les promoteurs parlent de ville du quart d’heure.


Saint-Michel et Victoire : carrefour des cultures

Autour de la flèche Saint-Michel (114 m, plus haut clocher de Gironde), le marché des Capucins vibre chaque matin. Le secteur concentre 40 nationalités, rappelle l’association interculturelle Animasud.

  • Saint-Michel : réputé pour ses brocanteurs, il voit le prix du m² grimper de 18 % en deux ans (observatoire notarial 2024).
  • Victoire : poumon étudiant, 33 000 cartes universitaires actives sur un rayon de 1 km.

L’ambiance est unique : un boucher halal voisinant un bar à tapas basque, graffitis revendicatifs jouxtant des gargouilles gothiques. J’y ai croisé, la même semaine, une procession péruvienne et un festival de techno minimaliste. La mixité culturelle se vit au quotidien, mais la cohabitation nocturne (nuisances sonores, scooters) demeure un sujet sensible.


Quels défis pour les quartiers de Bordeaux à l’horizon 2030 ?

Les priorités listées par la municipalité Delphine Jamet (adjointe à l’urbanisme) se déclinent en six points :

  1. Augmenter la part de logements abordables à 35 %.
  2. Développer 100 km de pistes cyclables supplémentaires.
  3. Poursuivre la végétalisation de 50 rues d’ici 2026.
  4. Limiter les locations saisonnières à 90 jours/an.
  5. Équilibrer l’offre commerciale rive droite/rive gauche.
  6. Conserver le patrimoine du XVIIIᵉ face aux surélévations contemporaines.

D’un côté, les habitants réclament plus de nature en ville ; de l’autre, l’attraction économique pousse à la densification. Le débat se cristallise autour du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi-m), révisé en 2024.


Passionné par ces métamorphoses, je parcours régulièrement ruelles pavées et friches odorantes de houblon. À chaque reportage, Bordeaux dévoile un visage différent : un matin de brume sur les quais, un coucher de soleil rouge feu sur les toits d’ardoise. Si ces lignes vous ont donné envie d’explorer la ville quartier par quartier, gardez l’œil curieux ; derrière chaque porte cochère sommeille souvent une histoire inattendue.